lundi 3 mai 2010

[Blog censuré : Nadia From Tunis ] Ammar : Arme de débilisation massive

Depuis 2 semaines, en Tunisie, les ciseaux de la censure tentent d'anéantir les WEB 2.0, après les sites de partages vidéos, les sites français d'informations ( Rue 89, 20minutes, marianne,..) plus de 60 blogs affichent un 404 en Tunisie même flickr n'est plus accessible.
Les internautes se mobilisent ( http://ammar404.tumblr.com/) la blogosphère renait et twitter est notre source d'information. Moi j'ai décidé de publier les notes des blogs amis censurés. On a tous droit à la parole.


C'est l'effervescence sur le net depuis quelques jours. Internautes tunisiens (et même quelques étrangers) n’ont plus que ces mots à la bouche : « ATI, Ammar, Censure » et autres slogans colorés.

Mais que se passe-t-il ? Ammar, l’heureux propriétaire d’une 404 bâchée, symbole de la frustration des internautes tunisiens devant le fameux vrai-faux code erreur 404 dès qu’ils tentent d’accéder à un site censuré, a dépassé toutes les limites du raisonnable.

Ce personnage mi-réel mi-fictif rendu célèbre par les blogueurs tunisiens pour désigner leur censeur en chef (via l’ATI : Agence Tunisienne de l’Internet) a fait de nombreuses victimes parmi les sites d’informations, les blogs et les sites de partage de vidéo. Du célèbre YouTube aux plus obscurs blogueurs à la langue légèrement pendue, l’ATI tire sur tout ce qui bouge, avec des pics d’agressivité parfois complètement incompréhensible, totalement délirante.

Depuis quelques jours donc, plus précisément depuis la semaine dernière, un nouveau pic d’activité, et la besace de Ammar s’est remplie rapidement. Une longue liste de malheureux 404és qui s’y bousculent ne cesse de s’allonger.

Cela avait commencé avec les sites de Rue89, Le Nouvel Observateur et 20 minutes auxquels d'autres ont bien vite succédé. Premières réactions sur Twitter et Facebook: on crie au scandale et on cherche désespérément l’article ou les articles incriminés qui leur ont valu le coup de ciseaux. Aucune explication logique n’est trouvée (non pas que la censure soit logique, mais on peut toujours trouver un déclencheur). On parie alors sur une théorie d’anticipation « en prévision des élections municipales, Ammar a fait le ménage ». Mais est-ce sérieux en considérant l’importance toute relative de ces élections, surtout lorsqu’on pense qu’il y a quelques mois seulement, des élections présidentielles, largement plus observées, ont eu lieu ?

Le lendemain, le massacre continue. Ainsi quelques sites de partage de vidéos succombent au sérial bloqueur. Blip.tv et metacafe.com se retrouvent raflés dans la petite camionnette et ils ne sont pas les seuls. Plus fort encore, Flickr, site de partage de photos sombre à son tour.

Les vidéo-blogueurs sont effondrés, les tweeples et autres facebookiens ne se retiennent plus de cracher ses 4 vérités à Ammar. Le scandale déborde, et l’information circule partout. On est en colère, on a honte et on le dit.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car à ces pages flinguées succèdent les blogs. Plus d'une quinzaine d'entre eux tombent un à un derrière la célèbre pancarte 404 en quelques jours seulement. Chose totalement inédite car Ammar a l'habitude de flinguer des blogs, mais pas autant d'un coup.

Et là, le drame ! "Comment Ammar ose-t-il ? Déjà qu’il nous pourrit la vie, qu’il nous oblige à emprunter des chemins détournés simplement pour accéder à des informations parfois nécessaires pour nos activités socio-professionnelles ou simplement pour notre nourriture intellectuelle et notre culture, il se permet de museler une grosse poignée de nos plus anciens blogueurs, véritables portes-parole du web tunisien, lus par des centaines et des centaines d’internautes chaque jour, bouffée d’oxygène dans cet espace de plus en plus réduit et surveillé !!"

On n’y tient plus, et une campagne pacifique mais ferme voit le jour. Une vague de protestation se met en place, des pancartes circulent, montrant (ou pas) les visages de leurs auteurs, manifestant clairement leur colère et leur frustration, mais surtout leur ras-le-bol. Il y a des limites à tout, et Ammar a dépassé les limites. On ose tout, même bloquer Ammar chez lui devant sa porte avec une de ces pancartes, on lui crie de lâcher prise et d’aller voir ailleurs.

Dans ce brouhaha incompréhensible, un énorme point d’interrogation. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Une information : grève à l’ATI hier. De là partent cent rumeurs ... Coïncidence ? Acte délibéré de sabotage d’une bande d’employés frustrés ? Mais quelle logique y a-t-il ici? Quel intérêt? Le sabotage n’aurait-il pas été plus sensé si on avait, au contraire, neutralisé Ammar pendant quelques jours ? levé tous les interdits, libérés les pages, les blogs et les vidéos ?

Peu importe finalement. A quoi bon essayer de comprendre. A quoi bon identifier Ammar. Ammar est un concept. Qu'il soit homme, femme, jeune, vieux, unique, multiple, en haut, en bas, le résultat est le même.

Mais quelque soit la bonne théorie, la vérité toute la vérité sur Ammar, qu'est-ce que le grand Ammar ou les petits Ammar en herbe ont réussi à prouver ces derniers jours?

Je vais vous le dire : la vague de censure qui a assombri le net tunisien ces derniers jours a réussi un coup de maître : elle a démontré le côté absurde et abusif de l’ATI dont l’existence est devenue critiquable par principe avant même d'en arriver à en analyser l'action. Elle a réussi à prouver que les vrais détenteurs du pouvoir sur le net sont les internautes eux-mêmes, qu’ils soient sur Facebook, Twitter, n’importe quel blog ou simples utilisateurs et lecteurs. Ces internautes qui s’affairaient chacun dans son coin pour faire son petit bout de chemin, contournant plus ou moins discrètement les ciseaux de Ammar ont dit STOP ! Stop à la censure honteuse et arbitraire, Stop à l’existence de cet outil de frustration et d’abrutissement, Stop à cette Arme de Débilisation Massive. Les internautes se sont unis, ont bravé leurs craintes habituelles, se sont affichés, ont dit le fond de leur pensée. Ces internautes, petits enfants turbulents il y a encore peu de temps, ont grandi, mûri, pris une décision. Ils ne se tairont plus, ils ne laisseront plus tomber, ils continueront à écrire, ils diffuseront des informations, ils aideront les autres à contourner la censure.

Ammar est obsolète!


Note : Ce blog est « théoriquement » inaccessible en Tunisie depuis hier. Acte tout à fait ridicule étant donné que mon blog est quasi mourant et que je n’ai plus titillé la sensibilité de Ammar depuis une éternité. Cependant, n’importe quel lecteur de flux RSS permet d’en récupérer le contenu comme n'importe quel autre blog. Un grand merci à Ammar (ou à ses employés) pour m’avoir redonné l’envie d’écrire et de sortir mon blog de l’oubli.

A l'heure où j'écris cette note, d'autres pages web sont censurées.

Pour suivre les protestations (et y participer), jetez un oeil ici ou ici ou encore sur Twitter avec les hashtag #ammar #404 #free404

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Besoin de garder mon blog test. Ne fonctionne pas comme je le veux encore. Thx pour le thème. Peut-être que cela viendra mine de regarder mieux.